Outre la transmission de l’héritage musical de leur père, les deux enfants d’Alain Souchon, Pierre et Charles, ont développé ces vingt dernières années des personnalités distinctes, à la fois incroyablement réussies sur scène et profondément personnelles. En les regardant jouer avec Alain, on a l’impression qu’ils évoluent à l’unisson, tels des oiseaux qui s’adaptent en plein vol, chacun suivant son propre courant, mais toujours attirés l’un vers l’autre par une force magnétique indéniable.

Dans les années 1990, Pierre Souchon, né en 1972, se produit avec Julien Voulzy au sein du duo Les Cherche Midi. L’émergence d’une génération prête à reconstruire la chanson française à sa manière a été annoncée par ces débuts artistiques, fondés sur une ascendance commune avec une autre dynastie musicale. Matthieu Chedid a apporté sa touche personnelle à leurs premiers enregistrements, riches en textures textuelles, notamment Les Lendemains.
Fils Alain Souchon : Informations personnelles et professionnelles
| Nom | Pierre Souchon | Charles Souchon (Ours) |
|---|---|---|
| Date de naissance | 11 octobre 1972 | 1978 |
| Nom de scène | — | Ours |
| Premiers pas artistiques | Les Cherche Midi (duo avec Julien Voulzy) | Guitariste dans des groupes à Londres |
| Début de carrière solo | Pareil Jamais (2004) | Mi (2007) |
| Albums notables | Piteur’s Friends (2010), Âme Fifties (2019) | El (2011), Pops (2017), Mitsouko (2021) |
| Collaborations | Matthieu Chedid, Sandrine Kiberlain, Gaël Faure | Lily Allen, Hollysiz, Grand Corps Malade, Zaz |
| Engagement caritatif | Directeur artistique pour la Fondation Alzheimer | Projets artistiques au profit de la jeunesse |
| Dernier projet (en 2025) | Trio avec Alain et Ours : “À quoi tu penses ?” | Album : Le Spleen d’une vie sublime (2025) |
| Vie personnelle | Profil discret | Compagnon de la chanteuse Cécile Hercule, père d’un enfant |
| Source fiable | Page Wikipédia de Ours | Page Wikipédia de Pierre Souchon |
En 2004, Pierre fait ses débuts en solo avec Pareil Jamais, une composition aux paroles subtilement mélodiques et méditatives. Il développe progressivement une présence artistique d’une constance et d’une qualité exceptionnelles, sans jamais tomber dans l’exubérance ni l’audace. Son album suivant, Les Amis de Piteur, paru en 2010, témoigne d’un large éventail d’intérêts musicaux, allant jusqu’à des collaborations avec l’humoriste Élie Semoun et l’actrice Sandrine Kiberlain. La profonde compréhension de Pierre pour l’art lyrique transparaît dans ses œuvres ultérieures, comme sa contribution à « Caractère » de Gaël Faure.
Sur un tout autre plan artistique, Charles Souchon, surnommé Ours, a fondé sa carrière sur l’intuition et l’émotion. Il semblait se diriger vers le design numérique après des études d’arts appliqués et la création de sites web, dont un pour son père. Pourtant, la mélodie lyrique et persistante l’attirait comme un léger murmure. Avec « Le Cafard des fanfares », récompensé par l’UNAC et marquant son entrée en scène comme une voix particulièrement novatrice, son premier album, « Mi », paru en 2007, transmettait le poids des émotions avec une grande finesse.
Le succès initial d’Ours avait une dimension internationale, contrairement à celui de son frère, profondément ancré en France. Il a collaboré avec Lily Allen sur un duo français de sa chanson « 22 » en 2009, ce qui a permis à sa voix de toucher un public plus large, au-delà du milieu de la chanson. Il a ensuite continué à repousser les limites, écrivant pour divers musiciens comme Zaz, Hollysiz et Grand Corps Malade, et collaborant avec des artistes qui défiaient les genres comme Scotch et Sofa. Sa musique est souvent qualifiée d’étonnante adaptabilité : mélancolique et pourtant captivante, sobre et chargée d’émotion.
Les frères ont créé quelque chose d’unique, mais liés par des alliances stratégiques et une unité familiale. Clara Luciani, Carla Bruni et Vincent Delerm figuraient parmi les artistes qui ont collaboré sur leur double album hommage « Souchon dans l’air » paru en 2016, réinterprétant les tubes d’Alain. Loin d’être auto-satisfait, le disque sonnait comme une chaleureuse poignée de main intergénérationnelle. Par son ton et sa structure, il a particulièrement contribué à raviver l’intérêt pour le répertoire du père et à mettre en valeur l’orientation artistique des fils.
Le trio Souchon a commencé à se produire en live pendant la pandémie et au début des années 2020. Chaleureuses, poétiques et souvent enjouées, ces prestations ont démontré comment les liens familiaux peuvent enrichir plutôt que limiter la performance musicale. Les trois musiciens ont affiché une complicité sur scène, spontanée mais remarquablement nette lors de leurs récentes prestations, dont une performance mémorable aux Francofolies de La Rochelle.
Le fait que Pierre et Ours aient tous deux refusé de s’appuyer sur la réputation familiale est particulièrement remarquable. L’engagement de Pierre se manifeste par son poste de directeur artistique de la Fondation pour la recherche sur la maladie d’Alzheimer depuis 2010. Dans une démarche particulièrement poignante, il a collaboré avec le parolier Pierre-Dominique Burgaud sur la chanson « Vole », invitant une pléiade de musiciens à y contribuer, dont son frère Ours, Nolwenn Leroy, Alain Souchon et Véronique Sanson. Loin de ressembler à un enregistrement commercial, cette performance multi-artistes s’apparente davantage à une rencontre collective.
Ours, quant à lui, est en pleine évolution. Le Spleen d’une vie exquise, son dernier CD, paru en mars 2025, est une exploration réfléchie de la puissance calme et de la tendresse. Alain et Pierre sont à l’honneur sur le morceau principal, d’une beauté éthérée, « À quoi tu penses ? ». Ce morceau résonne comme une résonance générationnelle, tournée vers l’avenir plutôt que sentimentale, laissant entendre que leurs plus belles années sont encore devant eux.
D’un point de vue culturel plus large, la famille Souchon offre un modèle unique de patrimoine artistique. Cette famille a su utiliser la proximité comme carburant plutôt que comme source de friction, contrairement à de nombreuses dynasties du divertissement qui vacillent sous le poids des attentes. Alain, toujours poète, décrivait ses fils non pas comme des apprentis qu’il devait encadrer, mais comme des partenaires qui lui ont appris.
